Ce matin, je me lève du mauvais pied.
Je râle, je bougonne, rien ne va. Au fond de moi, je sais bien que ce n’est pas vrai, que tout va bien et que je suis « seulement » de mauvaise humeur. Et si je suis de mauvaise humeur, c’est qu’hier, j’ai eu une journée plutôt fatiguant, avec une glycémie plutôt élevée. Alors j’ai décidé d’aller me coucher tôt.
22h30, très fatiguée, prête à aller au lit.
Hypoglycémie.
Bon… Un jus d’orange. Je tremble, j’attends. 15 min. 30 min.
« bip-bip », « bip-bip ». Hypo, Hypo.
Je me sens encore mal. Je stresse. Je suis épuisée. Je veux dormir. Je retourne dans la cuisine pour avaler une barre de céréales. J’aurais peut-être mieux fait de prendre un jus… Trop tard. Je m’agace. Je suis épuisée.
« bip-bip », « bip-bip ». Pourquoi ça met autant de temps ?
« bip-bip », « bip-bip ». Pourquoi ma glycémie ne remonte pas ?
« bip ». Ah ! Ca y est, ça remonte. Doucement. J’aimerais que ma glycémie repasse au dessus de 1 g/L avant d’aller dormir. Minuit. 1,04 g/L. J’éteins la lumière. Impossible de m’endormir, je ne suis plus fatiguée, je suis énervée. C’est pas juste de ne pas pouvoir aller se coucher quand on veut, et en plus, ça m’intrigue que ma glycémie ait mis autant de temps à remonter. Ca me stresse.
2h du matin : 2,50 g/L. Je me suis trop resucrée. Je le savais. Insuline. Je ré-éteins la lumière.
Alors oui, ce matin, je suis bougon, ma glycémie frôle encore les 2 g/L et je suis épuisée, j’ai mal dormi, tellement j’étais énervée. Tout m’agace aujourd’hui. Je n’arrive à rien au boulot. Je suis ailleurs, je n’ai pas envie de parler. Et ça se voit. A la pause, mon collègue rigole :
« – Et bien ! Tu as l’air fatiguée !
– Mmmmh…
– Haha ! J’aimerais bien savoir ce que tu fais de tes nuits ! Haha ! »
Sérieux ? J’ai bu du jus, mangé des biscuits, piqué mes doigts pour les faire saigner encore et encore, je me suis injectée de l’insuline, endormie-réveillée, endormie-réveillée, j’ai dû aller plusieurs fois aux toilettes et je me suis réveillée avec un mal de crâne et la nausée. Mais je sais que tu ne penses pas à ça quand tu ricanes en imaginant ma folle nuit.
Alors je souris à Collègue et je lui dis que j’ai juste une migraine depuis 24h. Et je fais un effort pour m’intéresser à la discussion de la pause café.
Ce soir, j’agrippe la rambarde des escaliers du hall de mon immeuble. 2 étages à monter. Je suis épuisée.
Ce soir, j’en ai marre d’être diabétique. J’en ai vraiment marre.
